« Le
réel n’a jamais intéressé personne ».
Jean
Baudrillard
Si
le réel n’intéresse pas l’homme c’est que l’homme refuse sa cruelle et tragique
finitude. Pour échapper au réel et faire diversion il ruse et lui invente un
double. Il rêve d’un arrière monde meilleur, il construit un système
métaphysique où ici prendrait sens
dans un ailleurs, il échafaude des
scénarios spectaculaires, divertissants, illusoires, artificiels, fictionnels
ou virtuels, glissant à tour de rôle de l’acteur au spectateur privilégié de cette
puissante fuite en avant.
« N'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »
Charles
Baudelaire
Depuis
le premier homme qui tendit son bras et appuya sa main à la paroi d’une grotte
pour y inscrire son empreinte, jusqu’aux selfies des teenagers réalisés à bout
de bras à l’aide des téléphones portables dernier cri, notre rapport au monde
réel se traduit en opérations imageantes. C’est cette production d’images qui
m’intéresse, ce qu’elles disent de nos comportements, ce qu’elles révèlent des
individus et de notre société, qui via un système
médiatique dominant, engendre des modèles de vie, impose des comportements
stéréotypés, dicte des attitudes et des conduites à tenir.
Je m'intéresse aux discours, aux langages, aux gestes, aux images, aux codes que génère ce conditionnement politique, économique, religieux, esthétique et moral. Je questionne le médium qui joue lui aussi un rôle déterminant dans le processus de communication et de représentation.
« Le message, c’est le médium »
Mc Luhan
Pour rendre visible ou audible ce processus, je puise souvent dans
les productions populaires en détournant
les images et les sons déjà existants. Je les collectionne, je les adapte, les remonte,
les recadre, les combine, pour mieux les révéler.
Je me mets parfois en scène avec le processus d'auto-filmage cher à Acconci, Campus, Jonas, Rist, McCarthy, Duyckaerts, Sorin ou Dellsperger car je n'échappe pas à cette aliénation et ce conditionnement invisibles. Mon quotidien est inscrit dans celui du monde. Je construis ma relation au spectateur par effet de miroir, de projection, le plus souvent avec humour, sans volonté de démontrer ou de convaincre mais simplement de montrer et de provoquer la réflexivité. C'est une tentative de rendre visible ce qui est déjà là.